
03 Oct On interroge Pierre-Alexis sur le sujet du CV embelli (voire falsifié) !
Entre 55% et 65 % des CV ne seraient pas le reflet exact de la réalité, que penses-tu de cela ?
Un chiffre qui donne le tournis !
Certes, il y a les mensonges éhontés. Comme l’invention de toutes pièces d’un diplôme, d’une expérience, ou encore de dates… mais la plupart sont de petits arrangements, des embellissements pour rendre plus vendeuse une expérience ou accentuer ses responsabilités, voire encore le périmètre d’un job. Ce n’est donc pas la mort du petit cheval ! Et, bien entendu, pour ceux qui sur-jouent et survendent le « produit » cela ne remet pas forcément en cause leurs compétences professionnelles et leurs aptitude intrinsèques.
Comment réagir face à cela ?
Cela devient clairement un point de vigilance pour moi. Le principe de ne pas tout prendre pour argent comptant se met naturellement en place. Et, en conséquence, la nécessité de rentrer dans le détail des expériences.
Vient alors la quête de vérité…
En effet ! Et c’est là que les choses se corsent…
La vérification des diplômes est une affaire à la fois complexe et compliquée. On peut certes demander une copie du diplôme, mais il est facile, avec les outils numériques, d’élaborer un original de toutes pièces ou de solliciter des « artistes » en particulier sur le net.
Pour fiabiliser cette information, nous pouvons demander à un candidat une attestation délivrée par le site diplome.gouv, mais tous les diplômes ne sont pas référencés. On peut également contacter les écoles concernées ou aller sur leur site.
Ces pratiques peuvent vite s’avérer bancales. La solution idéale et aussi la plus coûteuse : faire appel à une entreprise spécialisée, si l’on souhaite fiabiliser à 100 % les informations délivrées dans un CV.
On a compris, pour les diplômes, c’est la croix et la bannière ! Et pour le parcours, l’expérience, etc. ?
C’est là qu’on retrouve (plus ou moins) le sourire !
Pour reconstituer le parcours et bien mesurer l’expérience, les compétences SF, etc., d’un candidat, nous sommes armés. Outre les échanges que nous pouvons avoir avec les candidats lors des évaluations et des entretiens, la récupération des certificats de travail et des fiches de paie sont des documents de choix pour valider un parcours, mais peuvent néanmoins avoir les mêmes limites que les diplômes… car on peut en fabriquer des faux. (Vous comprenez maintenant le « plus ou moins » du préambule !)
Ce que j’utilise beaucoup : la recherche de références avec l’assentiment du candidat. L’échange que je peux avoir avec les anciens managers ou patrons est toujours riche d’informations même si, de temps en temps, il faut savoir lire entre les lignes. La posture et le questionnement est déterminant dans cette prise d’informations.
Une anecdote croustillante ?
Allons-y !
Quelques années en arrière, j’ai recruté un manager commercial sans prendre de références dans l’entreprise où les candidats étaient en poste durant le processus. Ce qui est logique, car on se l’interdit pour éviter de les mettre en porte-à-faux.
L’heureux élu a intégré la société dans l’une de mes équipes, mais une personne des RH, très attentive en finalisant son dossier, s’est aperçue que le bulletin de salaire de l’année n-1 qu’il avait fourni pour justifier de ses prétentions salariales était faux (erreur dans les taux de charge) !
J’ai donc reçu la personne pour en discuter avec elle, car il avait monté de toutes pièces cette dernière expérience ! J’en ai profité pour tenter de lui faire prendre conscience qu’il fallait être honnête et lui ai conseillé d’être transparent sur son parcours à l’avenir. Et bien évidemment, j’ai mis fin à sa période d’essai.
Trois ans après, en chassant sur une CVthèque, je suis tombé à nouveau sur son profil et j’ai constaté qu’elle avait maintenu ce mensonge pour continuer à embellir son parcours !
En tout cas, on peut donc dire que ce candidat n’est pas très à l’écoute ! 😉
Le mot de la fin…
Ne pas mentir, il y a du travail pour tous les profils. Il faut accepter ses propres imperfections, ses tâtonnements, ses erreurs. La plupart des carrières ne sont pas linéaires, mais sans cesse en mouvement. Ce sont aussi les échecs qui permettent de se construire.
L’entretien que j’ai avec les candidats permet souvent de comprendre que le CV a été embelli.
Si un candidat dispose des compétences et aptitudes requises pour le poste, je ne tiendrai pas compte du petit embellissement de son CV ! En revanche, si un candidat le falsifie de façon importante, c’est pour moi rédhibitoire !
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